Vous l’avez peut-être remarqué, mais Mark Zuckerberg, le patron de Meta, semble avoir opéré un virage radical. L’ancien créateur de Facebook, autrefois défenseur d’une vision progressiste et égalitaire, semble désormais s’aligner sur Donald Trump et des idées proches de l’extrême droite.

Un changement d’image troublant
Auparavant, les réseaux sociaux de Zuckerberg mettaient en avant une image sobre et familiale : photos en T-shirt gris, moments en famille, et prises de position progressistes. Aujourd’hui, c’est un tout autre personnage qui se dévoile : cheveux longs, T-shirts oversize, chaînes en or, et une passion affichée pour les arts martiaux. Une mise en scène ostentatoire et extravagante, à mille lieues de l’image qu’il cultivait auparavant.
Ce changement ne se limite pas à une simple évolution personnelle. Comme l’explique Julien Le Bot, auteur de Dans la tête de Mark Zuckerberg, « son compte Facebook et [Instagram] est le principal levier de communication de Meta. Lorsqu’il se met en scène musclé, c’est une manière de signifier une transformation de son entreprise, annonçant une posture plus brutale. »
Il est indéniable que l’image de Mark Zuckerberg a radicalement évolué. Fini le look simple et minimaliste, il arbore désormais des tenues plus sophistiquées, marquant une rupture nette avec son image précédente. Par ailleurs, Zuckerberg semble adopter une posture publique en faveur d’une liberté d’expression sans limites, prônant un espace où le contrôle de l’information est réduit, quitte à tolérer des discours discriminatoires sur l’origine ou l’orientation sexuelle des individus.
Ses récentes déclarations et actions traduisent une allégeance claire à Donald Trump et un alignement sur les politiques conservatrices de ce dernier. Pour diffuser ses idées, Zuckerberg ne se limite pas aux plateformes de Meta : il diversifie sa stratégie de communication en s’exprimant dans des podcasts influents, comme celui de Joe Rogan, renforçant ainsi un lien direct avec le public.
En tant que leader, Zuckerberg cherche à se réinventer, non seulement comme PDG de Meta, mais aussi comme une figure clé dans le débat sur la liberté d’expression et la modération des contenus en ligne. Il aspire à influencer l’opinion publique et à redéfinir les normes autour de ces questions complexes.
Opportunisme ou véritable repositionnement ?
Cette proximité avec Donald Trump peut-elle être interprétée comme un acte opportuniste ? Aux États-Unis, les idées conservatrices prennent de l’ampleur, et le scrutin présidentiel de novembre 2024, qui a vu Trump reprendre la Maison-Blanche, a changé la donne. Rappelons qu’il y a encore peu, dans son livre Save America, Trump menaçait Zuckerberg de l’envoyer « en prison à vie » pour complot. Pourtant, aujourd’hui, les deux hommes ont tout intérêt à entretenir des relations cordiales : Trump souhaite utiliser Facebook et Instagram pour lutter contre l’« idéologie woke », tandis que Zuckerberg comprend que l’avenir de Meta dépend en partie d’une collaboration avec le gouvernement républicain.
Dans un podcast conservateur animé par Joe Rogan, Zuckerberg a lui-même expliqué ce rapprochement. Il s’agit, selon lui, de résister aux pressions internationales, notamment celles des pays cherchant à renforcer leur contrôle sur ses plateformes, mais aussi de contrer Apple et ses exigences sur les applications mobiles et lunettes intelligentes de Meta. Enfin, il vise à influer sur la réglementation nationale de l’intelligence artificielle pour ne pas freiner ses ambitions face à OpenAI.
Mark Zuckerberg semble animé par un mélange d’intérêts commerciaux, une volonté de répondre aux critiques passées, et une stratégie visant à s’adapter à un paysage politique en pleine évolution, qui pourrait influencer directement les activités de Meta. Ce repositionnement semble clairement orienté vers le développement de l’entreprise et l’obtention des faveurs de l’administration Trump, connue pour privilégier les entreprises américaines. Le nouvel objectif de cette administration est de mener une confrontation massive face à la Chine et de renforcer la position des États-Unis sur la scène mondiale.
Meta a en effet été la cible de nombreuses critiques de la part des partisans de Trump, qui accusaient le réseau social de censurer les voix conservatrices. Avec ce changement de cap politique, Mark Zuckerberg semble chercher à influencer ou à s’aligner sur ces nouvelles dynamiques, en consolidant ses relations avec l’administration Trump pour protéger et faire prospérer son entreprise.
Une dérive inquiétante pour les réseaux sociaux
Cependant, cette transformation soulève de nombreuses inquiétudes. Zuckerberg a notamment annoncé la suppression du fact-checking sur Facebook, une mesure alarmante à une époque où la désinformation prolifère. Cette décision pourrait transformer les plateformes de Meta en véritables terrains fertiles pour le complotisme, la haine et les propos rétrogrades.
Les idées désormais mises en avant, souvent perçues comme homophobes, sexistes et rétrogrades, marquent un retour en arrière inquiétant. Les réseaux sociaux, censés favoriser un monde meilleur, risquent au contraire de devenir des espaces où la désinformation et les discours haineux prospèrent sans modération.
L’Europe, dernier rempart ?
Face à ce tournant, il est crucial que l’Europe reste ferme et impose des règles strictes pour garantir un environnement numérique sain. La prévention de la désinformation et la protection contre les dérives des réseaux sociaux doivent rester des priorités.
L’Europe a déjà exprimé de vives préoccupations concernant la modération des contenus sur les plateformes de réseaux sociaux, notamment en ce qui concerne la lutte contre la désinformation et les discours de haine. Les autorités européennes ont dénoncé ces décisions de Meta comme un recul de la responsabilité des plateformes envers leurs utilisateurs.
Le Digital Services Act, mis en place par l’Union européenne pour réguler les contenus illégaux en ligne, vise à encadrer ces pratiques tout en tenant compte des relations internationales, particulièrement complexes avec l’administration Trump. Cependant, les réactions de l’UE face à ces évolutions dépendront largement des choix stratégiques de Meta et de la réponse de l’administration américaine.
L’Europe pourrait être amenée à renforcer ses régulations, imposer des amendes, ou même recourir à des actions en justice pour contraindre des entreprises comme Meta à respecter ses normes strictes. Des organisations non gouvernementales et des groupes de défense des droits pourraient également jouer un rôle en exerçant des pressions pour garantir que les règles européennes soient respectées.
En résumé, l’Union européenne pourrait combiner critiques publiques, renforcement des cadres législatifs et pressions diplomatiques pour contrer les nouvelles orientations de Meta, tout en gérant les défis posés par les relations transatlantiques sous l’administration Trump.
Mon avis
En tant qu’utilisateur des plateformes de Meta, je suis profondément déçu par cette direction prise par le groupe. Ces choix ne servent ni la société, ni l’idéal d’un internet inclusif et progressiste. Espérons que les autorités européennes et internationales parviendront à maintenir des garde-fous pour protéger les utilisateurs de ces dérives.
Il est essentiel de protéger les réseaux sociaux de la désinformation et des discours haineux. La montée de la violence en ligne ne devrait jamais être tolérée, et aucune personne ne devrait se sentir discriminée sur ces plateformes. Meta semblait autrefois conscient de ces enjeux et avait pris des mesures pour y remédier. Ce revirement marque un véritable pas en arrière, loin d’être une avancée positive pour les réseaux sociaux ou pour un internet inclusif et respectueux.
Je pense également aux jeunes, parfois âgés d’à peine 10 ans, qui utilisent les réseaux sociaux. Être exposés à des contenus violents ou inappropriés à un si jeune âge peut avoir des conséquences néfastes sur leur développement. Non seulement cela ne leur inculque pas de valeurs positives, mais cela peut également entraîner de l’angoisse, de la dépression et des problèmes de santé mentale. L’absence de modération sur ces plateformes laisse ces jeunes vulnérables face à des contenus nuisibles, ce qui représente un véritable problème.
Malheureusement, cette problématique ne semble pas être une priorité pour le gouvernement de Trump, qui privilégie une liberté d’expression sans encadrement. Cependant, une telle approche, sans régulation adaptée, ne peut pas fonctionner durablement et risque de provoquer davantage de dégâts, notamment chez les populations les plus fragiles...
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